Pour visiter une région ou un pays que l’on ne connait pas, il faut se familiariser avec quelques pratiques locales.
Comme cela peut certainement vous arriver aussi hors de la Bretagne, en vous disant bonjour on vous dira également « Alors comment qu’s’est ? » vous pouvez répondre mais en réalité c’est plus une formule de politesse qu’une réelle question. Si vous venez pour la première fois en Bretagne on pourra ajouter « Degemer mad » qui signifie bienvenue. En sortant d’un lieu public, on appréciera de vous entendre dire « Kénavo » et si vous ajoutez « ar wech-all » c’est-à-dire à bientôt, vous ravirez vos hôtes.
Il vous faut également connaitre quelques notions du vocabulaire local.
Une confusion que je ne m’explique pas existe entre l’action d’envoyer et celle d’amener ou d’apporter. On entend donc très souvent « Je t’ai amené un mail hier soir » Ou en arrivant chez des amis «Tiens, je t’ai envoyé une bonne bouteille »
Certains adverbes reviennent souvent dans les propos des bretons. C’est ainsi qu’ils placent facilement « Toujours » « tout de même « ou « quand même » assez souvent dans les conversations. Forme de ponctuation ou d’accentuation du propos ? Voici quelques exemples « Ne m’attends pas, vas-y toujours » « tu reprendras bien une autre part toujours ». « Enfin quand même, tu ne vas pas sortir comme ça tout de même». «
A la papeterie si vous souhaitez acheter un crayon de bois ou crayon à papier demandez plutôt un crayon gris. En sortant du cinéma on peut parfaitement vous demander « Tu as eu du goût à ton film »? Même si vous n’êtes pas allé voir la grande bouffe. Et si on vous voit glandouiller on vous demandera « Qu'est-ce tu bouines » ?
En arrivant dans une famille bretonne on vous proposera aussitôt « Tu veux un jus ? je n’ai que du réchauffé ça te va, sinon je peux faire du frais » par politesse vous accepterez, d’ailleurs la cafetière est toujours sur le coin du feu. Ce qui a valu aux Croisillons (habitant de lîle de Groix) d’être appelés les grecs, non qu’ils aient une origine hellénique mais parce qu’ils boivent beaucoup de café et qu’une cafetière, en breton, ça se dit greg. D'où ce surnom de grecs.
Au commerçant à qui vous donner en payement toutes les pièces jaunes dont vous souhaitez vous débarrassez, vous pouvez dire « Excusez moi je n’ai que de la bigaille, » et pour emballez vos provisions vous pouvez aussi lui demander un pochon (sac plastique ou sac en papier)
Si vous parlez de quelqu’un qui a un problème d’alcool vous direz « Quel poch ! » mais si c’est un gourmand et gros mangeur vous direz « C’est une vraie Gouelle !» Expression qui vient directement du goéland dont chacun sait qu’il est très vorace.
Plutôt une personne âgée qui n’a pas vu vos enfants depuis longtemps, vous dira « Il est rendu où suissi ? Oula ma doué, tu es rendu grand tout de même » (Doué signifiant Dieu)
Tiré directement du breton, à propos d’un casse-pied, vous pouvez dire « Mais quel Torr-penn ! »
« Dame oui » c'est une expression qui vient du pays gallo c’est-à-dire en haute Bretagne. Ça signifie "bah oui ! C’est évident !" en quelque sorte qui renforce une affirmation ou une négation. Peut également exprimer la surprise « Dame, qu’est ce que vous me demandez là » ? ou également traduire une certaine impuissance « Dame ! Qu’est ce qu’on y peut »
Victor Hugo s’en était servit à deux reprises dans les Misérables en 1862
– Ah, dame ! Monsieur le maire, l'affaire est mauvaise.
– Mais il ne sera plus temps ! Vous ne voyez donc pas que la charrette s'enfonce ? – Dame !
Ne vous offusquez pas si vous entendez jurez en Breton « Gast » qui signifie putain ou « Gast ar c'hast » un cran au dessus que l’on peut traduire par putain de putain
En plus de tout cela le Breton bretonnant emploie aussi beaucoup d'expressions qui ne sont pas forcément compréhensibles pour le non-brezhoneg (brezhoneg signifiant breton en langue bretonne)
Avant de venir en Bretagne posez-vous tout de même quelques questions simples :
Savez-vous que « Gwenn ha du » signifie Blanc et noir mais c’est surtout le nom du drapeau Breton ?
Serez vous offusquez si on ne vous sert que du beurre salé ?
Préférez-vous plutôt un Breizh-cola que le cola venant des US ?
Êtes-vous parfaitement au courant des heures de marées et de leurs coefficients ?
Savez-vous ce qu’est un Korrigan et où se situe la forêt de Brocéliande ?
Acceptez-vous de vous nourrir de galettes saucisses et de terminer vos repas par un Kouign amann ?
Savez-vous faire la différence entre la mouette et le goéland ?
Savez vous que baragouiner vient du Breton bara (« pain ») et gwin (« vin ») ?
Distinguez-vous la différence entre un biniou et une bombarde ?
Avez-vous compris que vous pourrez sillonner le Bretagne en tous sens sans jamais payer un seul péage d’autoroute et que vous devez tout cela à un traité qui date de 1532 ?
Serez-vous capable de vous baigner dans une eau à 17 degrés en disant aux autres qu'elle est bonne ?
Savez-vous que vous ne devez pas vous promenez sur la digue les jours de tempêtes ? …
… Après cela vous pouvez venir en Bretagne sans aucun souci.
Une dernière recommandation.
Pour alimenter la conversation, ne demandez pas à un Breton si la Loire atlantique fait bien partie de la Bretagne, car si on vous répondra « Oui bien sûr » dans la majorité des cas, vous pouvez aussi tomber sur un Quimpérois pour qui la vraie Bretagne se résume uniquement au Finistère. De la même façon, ne questionner pas ce même Breton à propos du Mont Saint Michel, car il vous répondra qu’il est bien en Normandie du point de vue administratif mais que son passé celte le fait Breton pout toujours et que bientôt la destruction de la digue permettra au Couesnon de retrouver son cours naturel ce qui ramènera le Mont en Bretagne.