Étude de Léonard de Vinci sur le corps humain. Ce dessin est connu sous le nom de l'homme de Vitruve 1490
Savoir ou connaître
Un savoir simple est la prise en compte par l’esprit d’un certain nombre de signes. Informations brutes, nouvelles sans importance, images mémorisées qui n’ont pas nécessité une réelle prise de conscience mais dont on découvre un peu plus tard la mémorisation involontaire.
Cette capacité n’a aucune influence sur la chose connue. Ce savoir simple ne se limite qu’à un sujet très spécifique et totalement coupé du contexte qui l’environne, c’est pour cela qu’il peut parfaitement rester sans aucune application pratique et qu’il est parfaitement possible qu’il ne réapparaisse jamais à notre esprit , éliminé avec le temps pour sa seule insignifiance
Savoir, est dérivé du latin Sapere, qui signifie Goûter et qui en Français a donné Saveur. Pour saisir la saveur d’un domaine, d'une situation ou d'un problème à résoudre, il faut l'avoir goûtée.
La connaissance est un savoir plus élaboré qui implique une globalité d’informations résultant d’une synthèse et d’un travail en profondeur à partir du réel.
Ainsi, on peut savoir quelque chose mais lorsqu’il s’agit d’appréhender un domaine tout entier, notre cerveau doit mettre en œuvre des mécanismes plus complexes que le simple enregistrement quasi inconscient de données disparates. Le savoir simple correspond à un ensemble d’éléments enregistrés par nos sens en éveil mais la connaissance, elle, est une acquisition conceptuelle élaborée et consciente d’elle-même. Le réel n’est pas su, il exige une construction mentale complexe basée sur la découverte, la perception et le raisonnement.
Une connaissance ne peut donc être saisie d'un seul coup, elle est progressive et dialectique. Les psychologues ont remarqué que non seulement l'homme comprend mais il réalise dialectiquement sa personnalité par jeu d'affrontements à la réalité par l'action et la réflexion. Le filtre de l’esprit agira différemment selon les individus selon leur développement intellectuel, leur éducation et le milieu dans lequel ils vivent.
Cette dialectique n'est pas seulement une manière de comprendre mais aussi une manière d'être. Je pense donc je suis et je suis comme je pense.
Il est parfaitement possible de ne pas savoir ce que l’on sait mais on ne peut ignorer ce que l’on connait. Car l’ensemble de renseignements accumulés insidieusement n’imprime pas la mémoire à long terme, alors que l’élaboration d’une connaissance est bien trop complexe pour échapper à notre esprit.
Savoir faire et technique
Le savoir faire au contraire est une action directe sur les choses qu’il transforme car il agit sur le monde réel et non symbolique. Le savoir faire n’a pas obligatoirement besoin du savoir pour s’accomplir, il peut rester totalement dans le domaine de l’intuitif, comme parfois dans la création artistique.
Si ce savoir pratique est validé par une utilisation habituelle, son concept peut être élargi jusqu’à l’universalité d’une théorie. C’est le domaine du pragmatisme, philosophie selon laquelle la réussite pratique est le critère par excellence de la vérité. Il est parfaitement possible de faire sans impliquer la nécessité de comprendre comment ça fonctionne. Ce savoir faire simple peut être mis en œuvre rapidement pour reproduire à volonté le même geste technique.
Une société humaine n’est pas envisageable sans technique. Le premier outil a été fabriqué bien avant l’élaboration de la première théorie. La satisfaction des besoins possède une urgence contrairement à la recherche de la vérité, c’est pourquoi on peut fabriquer avant de connaître le fonctionnement. Nécessité fait loi.
Si une découverte scientifique peut se faire par hasard, une technique s’élabore consciencieusement et s’affine au cours du temps.
La technique, même si elle s’appuie souvent sur des données scientifiques, regroupe les moyens mis en œuvre pour satisfaire les besoins de l’existence. C’est du moins ce que l’on est en droit d’attendre d’elle-même si parfois dans notre monde moderne de la consommation à outrance, certains industriels l’ont oublié.
Savoir et science
Même si ce n’est pas la seule forme possible, la science est une connaissance véritable et communicable. Elle représente l’ensemble des idées démontrées et des faits prouvés grâce auquel l’homme peut à la fois comprendre mais aussi expliquer le réel puis le communiquer à tous.
" On se lasse de tout sauf de comprendre " Virgile
Dans le domaine scientifique la vérité se construit sans cesse sur les cadavres des vieilles connaissances démenties pour être remplacées par des nouvelles, plus en cohérence avec la réalité. L’application du doute scientifique est le seul garant de l’évolution d’une science. Comme dit le dicton populaire : « Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis ».
Dans toute invention, il y a une critique de la convention (auteur inconnu)
La science accumule un ensemble d’énoncés par touches successives visant à atteindre une vérité qui ne puisse plus être démentie. La connaissance scientifique est un modèle vers lequel doit tendre toute démarche de connaissance voire toute activité intellectuelle en se remettant sans cesse en cause pour pouvoir progresser.
Savoir et ignorance
Le progrès de nos connaissances a ceci de paradoxal qu’il nous fait réaliser l’étendue de notre ignorance au fur et à mesure qu’il avance. L’approfondissement d’un sujet fait apparaître l’ampleur de sa complexité nous faisant ainsi comprendre l’envergure du travail qu’il reste à accomplir.
« Le savoir augmente mais l’ignorance ne diminue pas » Albert Jacquard
On peut établir le niveau d’ignorance d’un groupe d’individus mais on n’appréhende jamais son propre niveau de connaissance.
Il est étonnant de voir en l'homme à la fois tant de puissance et tant d'ignorance pour l'utiliser. Refuser de prendre conscience de ses propres capacités est une des formes d’ignorance personnelle mais sur un plan plus collectif, une attitude hostile envers la connaissance et le progrès entraîne à l’obscurantisme.
Comment savoir qu’il existe quelque chose hors de notre savoir ?
L’affirmation d’un inconnaissable parait hors de la portée de notre esprit car il est si incommensurable qu’il dépasse l’entendement et défie toutes les imaginations. En réalité, devant l’ampleur de la tâche, on accepte de s’accorder des zones d’ombres.
« Connaître, c'est interroger l'inconnaissable pour s'en étonner » (Auteur inconnu)
Pour seul exemple, on peut retenir ce paradoxe de la communauté humaine qui possède la maîtrise de moyens extrêmement sophistiqués capables d’envoyer des hommes dans l’espace alors que la grande majorité de la biodiversité sur terre n’a pas été explorée et nous reste étrangère et que l’éradication de la faim dans le monde parait un problème insurmontable.
à suivre...