L’existence ne pratique pas l’égalité. La naissance est soumise aux règles aléatoires de la génétique et au milieu social mais la géopolitique nous montre que l’équité n’est pas bien répartie et l’être humain n’est pas enclin à la justice sociale
Comme on dit « je suis né du bon coté du manche », je n’en tire aucune fierté car je n’ai pas fait grand-chose pour mériter cette situation.
Je suis donc conscient d’être un privilégié. Sans véritable jalousie pour les grandes fortunes de ce monde, je réalise aussi que ma compassion pour les populations du sud ne leur est pas d’une grande utilité.
Je ne conduis pas une grosse voiture allemande mais je ne fais pas non plus mes courses au Lidl
Je n’ai pas de yacht au port mais je suis très fier de promener mes petits enfants sur un canoë gonflable.
Je ne me sens pas contraint de taper 2, pour sauver Kevin, Dylan ou Vanessa, mais je ne prends pas pour un intellectuel parce que je lis plus de deux livres dans l’année.
Né avec les attributs masculins et tous les avantages qui vont avec, je pratique avec délice le partage des tâches ménagères et défend tous les combats féministes qui ne tournent pas une guerre des hormones.
Mon bonheur est fait de plaisirs simples et je ne convoite pas mon prochain.
Sans avoir fait d’études, réussir sa vie sociale et professionnelle n’était pas gagné d’avance, mais là encore la destinée m’a comblé.
Je ne suis pas tenté d’utilisé ces crédits qui m’attendent sur toutes les cartes de fidélité des grandes surfaces.
Sans revenu financier à camoufler, je peux dormir tout à fait tranquille sans avoir à suivre les cours de la bourse, mais mon livret A me permet de faire face aux imprévus.
Je ne suis en rien obligé de mastiquer cette baguette de pain molle vendue sous cellophane et je peux donc me régaler d’un véritable pain complet acheté à la Coop bio.
Aucun graffiti sur les murs du hall de mon immeuble, je laisse mon vélo sans peur de le voir disparaitre.
Par chance, mes véritables idées de gauche m’ont interdit de voter pour Mitterrand en 81, je n’ai donc pas eu à assumer les nationalisations et les orientations néolibérales d’un soi-disant socialiste.
Difficile de défendre un vrai commerce équitable mais je peux m’interdire d’acheter les kiwis de nouvelle Zélande, les avocats du chili et même les fraises d’Espagne.
Je ne subis aucune pression vestimentaire m’obligeant à porter des grandes marques réputées ou des chaussures Gucci, pour autant je ne porte pas de Marcel et de casquette Ricard.
Mes privilèges
J’ai gagné des sommes folles aux loteries et Loto, car je n’ai jamais joué.
Sans être imposable, je perçois une retraite pour laquelle j’ai cotisée durant 43 ans au titre d’un salaire différé. Je ne me sens donc pas redevable devant la jeune génération même si on tente de me faire passer pour un voleur éhonté.
Avoir cotisé durant toute ma carrière à une assurance chômage à laquelle par chance je n’ai pas eu recours est une satisfaction personnelle à double titre, d’avoir échappé au pire tout en participant à la solidarité.
Pour vous dire à quel point, ma vie est favorisée, la piscine qui se trouve à cinq cent mettre de chez moi est en eau de mer à 34°c.
Alors quand on est un privilégié et conscient de l’être, il reste à assumer ses convictions. Alors à la mesure de mes faibles moyens d’action, comme altermondialiste je milite à ATTAC, comme anticapitaliste je vote pour la nationalisation des banques et le rétablissement des services publics, comme antimilitariste je conteste les budgets de l’armée et l’envoi de troupe sur un sol étranger, comme électeur je vote à gauche mais en déniant au PS d’en défendre les idées, comme écologiste j’économise et je recycle tout ce que je peux, comme citoyen je soutien les sans papiers et je me mobilise contre les injustices, comme consommateur je privilégie des aliments bio et de production locale, comme syndicaliste je refuse la perte des acquis sociaux difficilement arrachés par nos anciens, comme laïque je m’offusque des signes religieux ostentatoires de notre gouvernement, Et….comme bloggeur j’écris mes billets d’humeur.