Un jour  à la terrasse d’un café au quartier latin, nous étions un petit groupe d’amis, une bohémienne insista pour nous lire les lignes de la main. Dans cette ambiance estivale et un peu aussi pour faire plaisir aux filles nous nous sommes laissé faire.

Elle prit le temps avec chacun, je ne sais trop si elle avait des dons d’interprétation mais elle avait de toute évidence ceux  de la parole facile et de la comédie.

Elle employait parfaitement la dramaturgie adaptée en ces circonstances. Tantôt murmurant, tantôt clamant haut et fort. Parfois même dans une langue, pour nous incompréhensible mais qui apportait une belle touche d’exotisme.

Ce rite théâtral nous plaisait

Chacun passa à son tour entre les mains de la voyante, les rires fusaient. Nous avions trouvé le bon moyen pour passer un bon moment à peu de frais.

Mon tour arriva, j’étais le dernier à tendre ma main gauche.

Elle resta longuement à l’observer sans dire un seul mot. Son silence se prolongea devenant pour moi assez pesant. Mon visage révélait sans doute mon trouble, ce qui amusa beaucoup mes amis.

Avec chacun, elle avait su trouver une manière différente de mener sa consultation, aussi personne ne fut surprit par ce nouveau scénario. Principal concerné, j’étais le seul à être anxieux par la tournure que prenaient les évènements.

Puis brusquement elle poussa un cri.  Un cri rauque qui se prolongeait dans les aigues comme une longue et déchirante lamentation. Cette litanie était accompagnée de grands gestes comme pour implorer le ciel. 

Elle  avait lâché ma main assez brutalement et s’était enfuie aussitôt toujours en criant, sans pour autant oublier la monnaie que nous avions réunie dans une soucoupe à son intention. Elle tourna au coin de la rue et nous ne l’avons jamais revue dans ce quartier.

En voyant ma gêne, mes amis se moquèrent de moi en m’invitant à ne pas prendre tout cela très au sérieux. Je finis par recouvrer mon calme et partager la bonne humeur générale mais  ce jour là, sans aucun doute, un trouble étrange s’est insinué dans mon esprit concernant ma destinée. Depuis cette époque, jamais je n’ai à nouveau tenté l’expérience de la chiromancie ou toutes autres techniques de voyance. 

J’ai seulement compris que ma main gauche était traversée par un sillon unique confondant deux lignes habituellement distinctes. Cette caractéristique ne semble en rien exceptionnelle même si elle est peu fréquente. 

-        Charles Henry arrêtez de pousser ces cris, je vous prie

-        Excusez-moi Marie Ange, je sais que je vous avais promis

-        En effet, je ne vous ai suivi qu’à la condition de ne pas nous faire remarquer.

-         Mille excuses, ma mie, pour mes emportements. Cela ne se reproduira plus.

-        Je l’espère bien, mon cher ami, mais nous en reparlerons, dès que j’aurai mis pied à terre

-        Reconnaissez que c’est bath, n’est –ce pas ? je n’avais pas fait cela depuis mes cinq ans et demi.

-        Une fois pour toutes, cessez d’employer ces expressions qui ne veulent rien dire.

-         Oui enfin c’est chouette, si vous préférez

-        Non Charles Henry je ne préfère pas. J’avoue que j’ai pris plaisir à vous suivre dans cette aventure mais maintenant il suffit.

-        Je vous rappelle tout de même que vous avez décliné mon invitation pour ce train fantôme qui semblait si distrayant ainsi que ces autos électriques conçues pour s’entrechoquer.

-        Vous vouliez dont nous tuer ? Et puis faites nous descendre, je vous prie. Vous avez passé la mesure.   

-        Bien ma chère, Marie Ange, je vais héler ce garçon pour qu’il arrête sa machine, mais ensuite vous me promettez d’accepter cette pomme d’amour que nous avons aperçue à l’instant.

-        Il n’en est pas question Charles Henry, vous allez me raccompagner à Sèvres auprès de mes parents, le plus vite possible. L’heure du thé est passée, ils doivent être morts d’inquiétude.

-        Au moins, acceptez une de ces grandes barbes roses et sucrées que l’on dit délicieuses.

-        Je vous prie de cesser ce petit jeu. Si cet engin ne s’arrête pas au plus vite, je vais crier.

-        Comme il vous plaira. J’avais imaginé vous distraire en vous accompagnant à cette fête, comment l’appelle t –on d’ailleurs ? A oui la fête à Neuneu.

-        Partons au plus vite de cet endroit de perdition. Mais à propos, comment l’avez-vous connu ce Neuneu ? 

Une fleur

Un coquelicot, un peu froissé, fragile, éphémère mais qui pousse  en liberté

Une chanson

« Les passantes » de Georges Brassens.

« Je veux dédier ce poème, à toutes les femmes qu’on aime, pendant quelques instants secrets,… »

Un sport

Le Rugby …un peu pratiqué dans ma jeunesse mais surtout pour la beauté, la générosité et l'intelligence de ce jeu athlétique

Un objet

Une loupe objet de la curiosité par excellence

Une citation

« Devant la misère, j’ai honte même de l’existence de la musique »  Emil  Cioran

Un proverbe

« Il faut savoir ne servir à rien en être heureux qu’en même »  Proverbe bouddhiste

Une pâtisserie

Une patate, de la pomme de terre elle en a l'aspect général mais en la croquant, la patte d'amandes parfumée ne supporte plus aucune comparaison…un vrai bonheur

Un film

Film D'Almodovar surement…pourquoi pas « Volver »

Un instrument de musique

La guitare…tant pratiquée avec si peu de talent mais tellement de bons moments de détente

Un outil

Miroir  articulé flexible pour aller voir dans les coins difficiles d’accès

Un lieu

Le pont de Brooklyn Pour le panorama mais aussi sa structure si photogénique.

Un livre

Le cheval d'orgueil de Pierre Jakès Hélias racontant sa jeunesse en pays bigouden. Une forte culture régionale face au centralisme Parisien au moment de l’application de l’école laïque et obligatoire de Jules Ferry.

Une poésie

A une passante de Baudelaire "...Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !"

Une découverte scientifique

Je suis tenté de dire la brouette mais il faut me rendre à l'évidence la roue est la découverte la plus fondamentale

L’explorateur

Magellan celui qui a exploré tant de fausses voies avec obstination et qui a trouvé la preuve de son hypothèse en découvrant le passage de l’atlantique vers le pacifique.

Un système politique

Il reste à mettre en place après avoir nationalisées les banques, rétablir les services publiques, limiter les écarts de revenus de 1 à 8, limiter toute une carrière politique à deux mandats….

 Mais surtout ne plus avoir recours à la charité pour se charger de missions sanitaires et humanitaires. Prendre en charge le sida, les restos du cœur et le téléthon …. et organiser une quête pour ceux qui veulent donner pour l'armée 

Une couleur

Bleu, bleu du ciel et de la mer, mais aussi parce qu'une porte doit toujours être ouverte ou bleue

Un homme politique

Ambroise Croizat comme ministre des travailleurs qui en vingt huit mois met en place la sécurité sociale

Un fruit

Une pomme…à croquer, en tarte, en compote, …ou en cidre

Un plat cuisiné

Le kig ha farz  sorte de pot au feu Breton mais avec une farce constituée de farine de Sarrasin d'œufs …et de secrets de famille et cuite dans le bouillon à l'intérieur d'un sac de toile.

Une friandise

Le chocolat noir, éventuellement avec noisettes ou amandes.

Une danse

La Dans Tro Plinn, danse du centre Bretagne faisant partie de danses de l’aire neuve pour préparer l’aire de battage des moissons ou la terre battue du sol de la cuisine.

Un oiseau

Bécasseau Sanderling, petit coureur très vif dans les vagues, qui s'envole en nuées

Une expression populaire

Y a du mou dans le manche

Une blague

Combien font six fois sept…Karembeu    ou encore… quelle est la différence entre une clé à mollette.

Une vedette de cinéma

E.T.  …il parait que j’ai las mêmes yeux.

Une ville

Barcelone  avec ses couleurs et ses odeurs particulièrement du marché de la Bocqueria

Un animal

Un crapaud bien sur ! Je n'ai jamais entendu plus joli mot d'amour