Oublié le temps,
Où ces hommes primitifs,
Aux allures conquérantes
Sautaient de lianes en lianes.
Il leur fallait cueillir une nourriture,
Frugale, modeste et nécessaire.
Symbole même de l’existence,
Aujourd’hui nos bras encombrés
Suffisent à peine à tout transporter
Ces sacs trop gros sont devenus
Des caddies à roulettes,
Chargés plus encore de victuailles,
De plus en plus inutiles.
Les yeux plus grands que le ventre,
Nous voilà courant à tous les étages,
Pour assouvir des besoins chimériques
Qui n’ont plus rien de vitaux.
Heureux celui qui sait encore
Scruter son nécessaire,
Pour éviter un superflu nocif
Et cultiver en lui,
Toutes les valeurs humaines.
D’autres moins lucides
S’empiffrent sans compter,
Avec la bénédiction du système
Qui de citoyens nous à fait
Consommateurs compulsifs.
D’autres encore
Débarqués du trafic,
Relégués au stade de parasites,
Ne peuvent que voler du regard
Alors qu’ils apprennent
À leurs dépends chaque jour,
Que même l’essentiel n’est plus pour eux.
Ils réchauffent au passage
Leurs carcasses hagardes,
Dans ces halls immenses
Aux douceurs artificielles,
Avant d’être poussés au dehors
Pour ne pas brouiller le décor
D’un univers préfabriqué.
Panthéon d’absurdité,
Un paradis à tous les étages,
Où l’on doit montrer
Pattes blanches et cartes bleues.
Espaces futiles autant que stériles,
Où aucune des belles passions humaines
Ne trouvent à s’épanouir.
Mausolée de nos instincts primitifs,
Nous, humbles chasseurs cueilleurs
Vigilants et créatifs
Qui étions maîtres du monde,
Qu’avons nous donc fait naitre ?
Le bonheur de la vie
Aujourd’hui mis à mal,
Et qui doucement se meure
Dans ces tombeaux de verre