Vladimir Tourgueniev vient d’être réélu pour la seconde fois à la tête d’une république d’Asie centrale. La proclamation des résultats vient d’être faite à la télévision nationale, mais ce plébiscite à 89,6% des voix ne l’a pas vraiment surpris. Il est vrai que son score a progressé depuis les dernières élections mais cette fois-ci l’opposition ne présentait pas de candidat contre lui.
En regagnant sa datcha sur les bords de la mer Caspienne, il se réjouit de constater que les rues étaient désertes comme chaque soir à cette heure tardive. Il n’était pas homme à supporter le moindre mouvement de foule, fût-ce même pour fêter sa propre victoire.
Une répression sanglante avait fait rage il y a quelques mois pour rétablir l’ordre public nécessaire pour une bonne marche des services de l’état. Devant les nombreuses protestations de pays occidentaux, il avait du renoncé à un discours qu’il devait prononcer aux Nations Unis à New York. L’annulation de sa visite l’avait particulièrement affecté et il se promettait de s’imposer à nouveau devant la diplomatie internationale, maintenant que les élections étaient passées.
Le début de son nouveau mandat ne serait officiel que dans quelques jours, en conséquence il prévoyait de s’offrir un peu de vacances.
C’est pourquoi il avait accepté l’invitation chaleureuse du président de la république Française, avec qui il avait entamé de longues négociations sur un contrat concernant un approvisionnement en gaz naturel. Cette sollicitude l’avait même fait sourire car elle révélait clairement combien les Français espéraient dans la concrétisation de cet échange. C’est pour cette même raison que la diplomatie Française n’avait pas associé sa voix aux protestations mondiales. En cela, ils n’avaient fait que respecter son souhait de ne pas évoquer les droits de l’homme ou avancées démocratiques dans son pays lors de leurs discussions sur les énergies fossiles.
Sa belle épouse Joanna était ravie d’aller dévaliser les bijoutiers et les grands couturiers Parisiens, ce qu’elle faisait régulièrement mais seule.
Joanna et Vladimir serait logés au Crillon puisqu’il ne s’agissait nullement d’un voyage officiel. Le quai d’Orsay avait parfaitement organisé le séjour sur le plan de leur sécurité personnelle. Un diner avec les Sarkozy était prévu à l’Elysée dans la plus grande discrétion, les médias dénicheront l’information bien assez tôt. Son conseillé personnel en communication, lui avait assuré que des photos seraient bien prises sur le perron du palais de l’Elysée avec le couple présidentiel.
Ces clichés lui serviraient plus tard pour se forger une honorabilité diplomatique. Lui-même avait son élection en poche, ce qui n’était pas le cas pour Sarkozy.
Sans négliger ces quelques jours de détente, ces petites vacances pourraient bien lui être d’une grande utilité un peu plus tard. Son entourage lui avait aussi organisé une entrevue discrète avec les dirigeants du PS Français pour entretenir les bonnes relations et anticiper sur le futur scrutin.
Au même moment à Paris, en grand secret également, se réunissait un collectif d’associations qui préparait une large campagne de protestations. Amnesty internationale avait obtenu l’annonce de cette visite discrète par ses réseaux sur place et avait pris en main l’organisation de la riposte. Il leur fallait déjouer un service d’ordre exceptionnel mis en place pour la venue d’un tel personnage.
Vladimir Tourgueniev, par se provocations diverses et par ses excès de langage, avait réuni contre lui toutes les organisations progressistes du pays. Les défenseurs des droits de l’homme, de la liberté de la presse, les féministes, les pacifistes, les écologistes … et même les syndicats d’ouvriers qui n’avaient pas accepté les délocalisations de grandes entreprises automobiles et agroalimentaires attirées par les conditions de travail totalement iniques.
Pour cette fois, les services du ministère de l’intérieur n’étaient pas très bien informés et n’évaluaient pas bien l’ampleur du mouvement.