Dès mon plus jeune âge, j’ai eu la chance de le croiser à plusieurs reprises. Pourtant, ce n’est que bien plus tard que je l’ai réalisé ma chance car la légèreté de la jeunesse rend insouciant de ces moments de vie mais qui s’inscrivent en nous pour toute notre existence.
A l’adolescence, nous avons pris des chemins différents. Il devait être sous d’autres cieux lorsque je me débattais dans un univers sombre qui ne semblait pas offrir le moindre espoir. J’ai appris plus tard qu’en réalité, il veillait sur moi discrètement et qu’il s’est montré bienveillant à mon égard. A cet époque, j’étais bien trop obnubilé par un corps ingrat et une incapacité à l’école de la république. Je n’avais d’yeux que pour ma mélancolie, mon profond mal être, mes amours impossibles et toutes ses galères.
Le temps de rater mes études et de me lancer tête baissée contre les moulins à vent, ce n’est qu’à la rencontre de mon premier amour que nous avons renoué pour quelques temps.
J’étais tellement heureux et étonné d’une vie pleine de merveilles à découvrir que je l’emmenais partout avec moi. Nous sommes devenus inséparables.
Mes premières grandes découvertes de la nature, il était là. Mes premiers émois musicaux et cinématographiques, il était là. Mon goût nouveau pour le sport et cette liberté corporel, il était là. Je peux même dire qu’il m’a fait aimer la lecture et qu’il m’a ouvert totalement une curiosité qui ensuite, ne s’est jamais rassasiée.
Comme les meilleurs amis du monde, nous avons partagé du temps et il m’a fait connaître des amis. Il me semble bien que c’est à cette période que j’ai entendu ma voix pour la première fois. Moi qui restais solitaire et silencieux, je me suis mis à rire, à chanter et à parler de tout et de rien avec des gens que je ne connaissais pas.
Sans que je m’en rende bien compte, il m’a projeté dans un monde d’insouciance et de légèreté, où je n’étais entouré que des plus belles filles.
A cette période nous nous sommes fréquenté régulièrement. Il était toujours pour moi de bon conseil.
Avec le sport, il m’avait révélé la camaraderie et le respect des autres. Avec mon premier boulot, j’ai découvert la solidarité et la lutte contre l’injustice.
J’avais gouté à ses largesses, je ne pouvais que lui consacrer ma vie.
Bien sûr, j’avais bien encore quelques doutes de temps en temps mais il ne me laissa plus jamais sombrer.