Chacun vit à toute allure,
En griffonnant sur un brouillon.
Alors qu’on ne le sait pas encore
Mais jamais il ne nous sera possible
De tout retranscrire au propre
Et d’une belle écriture,
Comme pour laisser à la postérité
Une vie nette et sans bavure.
Bien sûr on ne peut remonter le temps,
Ce qui est le plus dur à accepter
C’est de ne jamais pouvoir
Utiliser une gomme ou un effaceur,
Pour effectuer des corrections.
Avec la mémoire non plus on ne peut pas se réjouir.
Car les erreurs accumulées
Que l’on voudrait tant enfouir
Pour ne plus jamais y penser,
Reviennent sans cesse nous hanter.
Alors on s’en arrange,
Les petites salissures sont enjolivées,
Quand aux plus grosses maladresses
Et les stupides aberrations,
Elles viennent encore alimenter
Une énorme culpabilité.
Les années passent,
On pense pouvoir l’alléger
Mais en réalité, chaque jour
Elle plombe notre fardeau.
Ainsi les jambes deviennent lourdes
Et notre dos se courbe un peu plus.
Dans l’écriture, on s’applique
Les récits et les contes sont immaculés.
Les rêves n’ont pas de rature.
Les poètes ne sont meilleurs que les autres,
Ils n’ont pas moins de fautes à avouer,
Mais une certaine sensibilité,
Qui toujours les persécute.
Cet aveu ainsi rédigé
Me sera-t-il à demi pardonné ?