- « Je te préviens Bob, c’est la dernière fois... »
- « Allez ferme-la un peu, tu me dis ça à chaque fois. »
- « Oui mais cette fois, je te l’annonce je ne reviendrai plus sur ce mur. Je refuse, tu m’entends, je refuse ! »
- « Et moi, tu crois que ça me plait de faire le pantin devant des touristes qui passent sans même nous regarder. Je te rappelle tout de même que c’est toi qui rêvais de partir pour voir du pays. »
- « Je n’imaginais pas que cela se passerait ainsi. Cela fait tout de même cinq mois qu’on m’accroche ici chaque matin et que rien ne se passe. Tu vas voir que la saison va finir et qu’en récompense de tous nos efforts, on va nous remettre dans le fond de ce carton les uns sur les autres et dans l’obscurité totale. »
- « Bon alors ferme-la un peu et essaie de sourire, ce n’est pas en faisant cette gueule que tu vas voyager entre les bras d’une belle blonde. »
- « Ah non pas une blonde ! Je vois ça d’ici, une petite Lolita qui se parfume en douce. Tu sais bien que je suis allergique aux parfums. »
- « Parce que tu crois qu’avec un garçon tu serais mieux traité ? Servir de sparring partner pour un match de boxe ou un duel à l’épée, non merci. »
- « Oui Tu as raison, autant encore rester pendu ici au soleil. Moi mon rêve, ce serait d’être acheter par un amoureux et d’être offert à sa petite amie. Elle m’allongerait sur le couvre lit ou me poserait assis gentiment sur sa commode. »
- « Alors toi quel égoïste tu fais ! Non le mieux ce serait qu’une vieille dame nous emmène tous les deux dans sa maison pour rejoindre sa collection de poupées dans son salon. Tu imagines un peu la belle vie qu’on aurait. »
- « Oui vu comme ça, ton idée me plait bien. Rester tous les deux ce serait vraiment bien. »
- « Ou bien, toi qui veux voyager, il y a encore une autre solution. Imagine-toi, accroché au pare brise d’une Porsch rouge vif. Là au moins, je t’assure que tu en verrais du pays. »
- « Oh mais tu veux ma mort ! Tu sais bien que j’ai mal au cœur en voiture. Tu veux que je passe les prochaines années avec l’estomac en vrac. De toute façon, je ne suis pas inquiet, Esméralda, la poupée gitane, m’a prédit un avenir plein de câlins et de tendresse »
- « Bill, tu m’énerves. Je t’assure que tu n’es pas un cadeau. Toujours à pleurnicher sur ton sort, tu devrais te forcer à penser positif pour paraître plus aimable. Je plains sincèrement celui ou celle qui t’adoptera, je suis sûr qu’avec toutes tes mauvaises ondes tu risquerais bien de leur porter malheur. »
- « Si c’est ça, je ne t’adresse plus la parole, de toute façon on verra bien lequel de nous deux est promis à un bel avenir. »
En cette fin d’après midi de septembre, les vacanciers désertaient les ruelles d’Eze village. Un jeune couple, accompagné d’un superbe berger des Pyrénées, gravissait les quelques marches qui rejoignaient la boutique d’artisanat et de produits régionaux.
- « Chéri, regarde, elle ne te plait pas celle-ci. Je voudrais te l’offrir pour mettre dans ton camion, comme cela sur la route où que tu sois, tu penserais à moi. Et moi cela me rassurerais que tu aies ce joli porte bonheur. »
- « Bon si cela te fait plaisir, c’est d’accord. Mais alors on prend aussi l’autre pour Titus, tu sais comme il est jaloux et je suis sûr qu’il s’amuserait bien avec cette poupée de chiffon. »
Ainsi quelques jours plus tard, Bob bien placé à l’avant du semi remorque, partait sur les routes d’Europe. Il avait une pensée pour son copain Bill en se demandant dans quel état il le retrouverait à son retour.
Alors vous, vous y croyez à la pensée positive ?